Arsène aime jouer à pile ou face. De tous les jeux, celui-ci lui tient à cœur.
Pile – Arsène est l'homme au sourire un peu énigmatique, souvent cloîtré dans le labo d'informatique ; il jure contre quelqu'un, parfois tout le monde, parce que « la deadline va tomber et ce code de ….. veut pas marcher ! » – s'ensuit un lexique plus floral encore, car au delà de sa frustration, Arsène est éloquent dans ses discours. Ses longs cheveux cachent un peu ses cernes, il les rabat d'un geste de la main derrière ses épaules. Tout va bien, tout va bien. Non, ça ne va pas. Il faut quand même avouer que pour un homme de 24 ans, la voix d'Arsène est encore un peu aiguë. C'est une remarque qu'on se fait quelques fois, puis on oublie. Ca arrive, après tout, des hommes à la voix aiguë. Et il est androgyne, ça colle au personnage ; on raisonne, on rationalise.
Face – Quand soudain en soirée – Arsène raffole des soirées – il retire son haut et le « il » devient « elle ». Il est énigmatique en cours, et tout le monde a bu, alors on lui laisse le bénéfice du doute. Peut-être que ce soutien-gorge n'en est pas un, après tout. Et à bien y regarder, on dirait plus une brassière. Non, vraiment, peut-être que le elle n'en est pas un. On parle quand même du geek qui peut rester 3 jours à taper des codes, sans sortir de sa chambre, sans manger, sans se laver. Alors on hésite, le plus simple, c'est de demander. On élève un peu la voix, et « Putain Arsène, t'es quoi au juste? » – un sourire – toujours un sourire avec elle, lui, Arsène, « Ca change quoi? » Pas grand-chose, voilà ce qui meurt au bout des lèvres. Il reste invivable quand une deadline approche, adorable quand il touche son salaire ; tête-en-l'air, maladroit, courtois parfois, pingre, fidèle en amitié, adepte proclamé du sarcasme, bordélique, parfois en jupe, parfois en jean. Arsène se touche les cheveux et ce n'est ni féminin, ni masculin, c'est plutôt exaspérant parce qu'il le fait tout le temps et t'as presque envie de lui couper pour qu'il arrête. Puis il va en cours et tu le vois dormir, et tu te demandes encore pourquoi il reste à l'université, s'il gagne déjà sa vie illégalement – et alors qu'il te répond, tout heureux – et un filet de bave sur la joue, qu'il ne sait pas plus que toi, mais c'est comme ça, tu te dis qu'être aussi je-m'en-foutiste, ça devrait être interdit par la loi.