cafétéria

Il a vraiment un doute, l’espace d’un moment. Peut-être qu’il était trop envahissant avec elle. Après tout, ils venaient à peine de se rencontrer, et voilà qu’il se mettait à lui proposer de non seulement l’accompagner à son cours, mais en plus de rester pour la regarder danser. C’était peut-être gênant pour elle… Mais au final, elle lui affirme le contraire. Et puis elle vient s’asseoir, avec lui, sur son lit, elle pose ses jambes sur les siennes, elle lui prend la main, et elle lui demande encore plus clairement de venir avec elle. Et évidemment, il fond complètement de l’intérieur face à ce regard, cette espèce de petite supplication. Elle est de nouveau toute proche de lui, et même si elle finit par détourner le regard, il voit bien qu’elle a les joues toutes roses. Elle est vraiment jolie … il est peut-être un peu sous le charme, au fond.

Il sourit légèrement quand elle lui donne les raisons de ses petits doutes, et évidemment, Miles, ça le touche ce genre de choses. Elle est si mignonne. Il se demande comment on peut la laisser de côté. Comment on peut l’ignorer ? Il est peut-être un peu naïf, parce qu’il croit ce qu’il voit, et ce qu’il voit pour le moment c’est une fille adorable à laquelle personne ne s’intéresse assez. Du coup, quand elle relève les yeux vers lui, sa main se lève lentement, et ses doigts viennent attraper une mèche de ses cheveux blonds. « Maintenant tu auras toujours quelqu’un pour s’intéresser à toi, tu vois. » Et puis il se penche un peu en avant, et il dépose un baiser sur sa joue. « Je viendrais te voir danser à chaque fois que je pourrais, ok ? »

Il va peut-être bien trop loin. En fait, il ne s’en rend pas forcément compte, parce que tout ce qu’il veut, c’est être gentil. C’est lui faire plaisir pour la faire sourire. Il veut vraiment être son ami, il veut vraiment être proche de cette petite blonde, parce qu’il la trouve vraiment mignonne. Il se dit qu’il ne peut que s’entendre avec elle. Et puis surtout, avec tout ce qu’elle lui dit … il a l’impression d’être celui qui protège, en quelques sortes. Et ça inverse les rôles, parce que d’habitude, c’est lui qui a besoin d’être protégé des autres. Il apprécie le changement. Il aime bien l’idée de veiller sur elle. D’être celui sur qui elle à le droit de s’appuyer, sur lequel elle à le droit de compter pour tout.

Il l’observe du coin de l’œil. Elle rougit, et vraiment c’est mignon. Il aime bien penser que c’est lui qui fait ça, par quelques gestes, quelques attentions qui pourtant lui paraissent tout à fait naturelles de son côté. Du coup, il se met à rire. Il ne se moque pas, bien au contraire. Elle est attendrissante, Lorelia. « J’aime bien quand tu rougis moi. » Il finit par lâcher la mèche de ses cheveux qu’il avait légèrement entortillé sur ses doigts, et il laisse sa phalange glisser légèrement le long de sa joue avant de laisser sa main retomber sur la jambe de la jeune fille. « T’es encore plus … belle. »

Il se redresse légèrement, il jette un œil au réveil digital posé près de son lit. « C’est à quelle heure ton cours ? Dis-moi surtout quand tu dois y aller, je fais jamais attention à l’heure moi. »

Quatorze heures quarante cinq … il fixe un instant son réveil. Il calcule, en fait, il essaie de se faire une idée du temps qu’il leur reste à tous les deux, ici, avant de devoir bouger. Y’a largement le temps, en vrai. Il a vraiment pas à s’inquiéter, ou se stresser. C’est juste qu’il a parfois des soucis avec les horaires et qu’il a pas envie qu’elle soit en retard par sa faute, quoi. Il s’en voudrait.

Et puis voilà la question qui tombe, et aussitôt, il repose les yeux sur elle. Il est un peu surpris, c’est vrai, mais il ne laisse rien paraître de son léger trouble. Est-ce qu’il y avait vraiment des gens qui faisaient des compliments comme ça, dans le vent, sans réellement le penser ? Lui était relativement sincère dans ses paroles. Bien sûr, ce n’était pas un ange, il avait déjà usé de mensonge, mais quand il disait des choses comme ça, c’est qu’il le pensait. D’ailleurs, ça venait tout naturellement. Alors finalement, il lui sourit tout tendrement. Il lui sort sa petite bouille toute mignonne et qui finalement, se veut rassurante. « Je le pense sincèrement. » En plus, il lui avait déjà dit tout à l’heure, non ? A la cafet’, qu’elle était jolie. « Je te trouve vraiment très belle ! » Oui, il croit bon de le répéter. Ça le dérange pas. Il s’est senti gêné de le dire si directement la première fois, mais maintenant, ça va mieux. Il pourrait le répéter autant de fois qu’elle le veut.

Elle tend la main, et ses doigts fins viennent toucher ses lèvres. Alors, lui, il vient juste attraper sa main, il entrelace leurs doigts, et il se penche légèrement en avant pour déposer un baiser rapide sur son front. « En fait, je crois que j’ai jamais dis ça à une fille avant … j’ai pas vraiment beaucoup de filles dans mon entourage. »

Il a tellement pas réellement conscience de ce qu’il fait. Pour beaucoup, il passerait sans doute pour un gros dragueur. Doué ou pas, tout est relatif, quoi. Disons que si ce qu’il était en train de faire avec Lorelia avait pour but de la draguer … le fait est que c’était diablement efficace, avec elle du moins. C’était bien la première fois qu’une fille – qu’une personne tout court, en fait mais bon – était aussi réceptive à lui. Elle réagissait positivement à chacun de ses mots, et chacun de ses gestes. Et pourtant, si on le lui avait demandé, là maintenant, Miles aurait probablement répondu qu’il ne faisait qu’agir le plus normalement du monde. Il est si naïf, ce garçon. Si mignon. Si adorable. Au fond, il s’identifie peut-être un peu à elle, parce qu’elle a l’air de tout faire pour se faire des amis, et pourtant, ça n’a pas l’air de fonctionner. C’est un peu comme lui, quoi. Alors il se dit qu’ils font vraiment la paire, et qu’ils ne peuvent que s’entendre.

Ce qu’il a pas prévu, en revanche, c’est que les choses s’accélèrent de cette façon. Faut être un peu simple d’esprit pour ne pas y avoir penser, mais ... c’est Miles, quoi. Il a cette tendance à vivre le moment présent, sans forcément voir bien plus loin. Alors, quand Lorelia vient l’embrasser, quand ses lèvres viennent toucher les siennes, il est surpris. Evidemment, ce n’est pas désagréable, mais il ne s’y attendait pas vraiment. Il est plutôt tactile, alors la toucher, lui offrir un petit bisou, il trouvait ça normal. Mais, là ? Il garde les yeux grands ouverts. Il se laisse faire, quoi, mais il n’est pas vraiment acteur, en réalité. Il est si jeune. Si innocent, en quelques sortes. Il a toujours été si seul. C’est son premier baiser qu’elle vient de lui offrir, ou de lui voler, il sait pas trop. Toujours est-il qu’il se remet à sourire, parce que c’était agréable, quand même. Qui refuserait un baiser d’une fille comme elle, sérieusement ? Il se dit qu’il faudrait être un peu fou. Il se rend même pas compte que peut-être, Lorelia, elle va un peu vite. Il se fait même pas la réflexion, que … en fait, ils viennent juste de se rencontrer. Faut dire aussi qu’il a pas envie qu’elle pense qu’il la rejettes, parce qu’il veut pas la rejeter. Il en a vraiment pas envie. « T’as le droit de plus me lâcher. » Il hoche la tête. C’est fou, hein, à quel point il se rend pas compte qu’ils ne parlent pas forcément de la même chose ? Ou du moins, pas dans la même mesure. Et puis, au bout de quelques secondes. Il finit par baisser les yeux, un peu. Son cerveau s’est mit en marche, un peu. Et il a le cœur qui bat tout à coup très fort. « Pourquoi tu m’as embrassé ? » Ça l’a secoué, en fait. Il est habitué à ce que les autres ne veuilles pas de lui. A ce qu’ils finissent par se lasser vite, très vite. « D’habitude, les gens en ont marre de moi après une heure ou deux. Ça dépend… » Et il se remet à fixer le réveil. La limite est presque atteinte. Alors il se dit qu’à un moment donné, elle va sans doute juste changer d’avis.

Elle ne se lassera jamais de lui ? C’est possible, ça ? Vraiment ? Forcément, Miles, il a toujours un doute. Ça persiste. Il a envie de la croire, forcément, parce qu’il a vraiment envie que ce soit vrai. Il a vraiment envie d’être lié à quelqu’un, il veut un lien, un lien fort, un lien qui lui donnerait l’impression d’exister pour quelque chose, pour quelqu’un. Il s’en veut légèrement, d’avoir oser de parler de tout ça, d’avoir oser poser des questions. Il a immédiatement regretté, en fait, parce que même s’il a besoin de savoir, il a vraiment pas envie de tout gâcher, parce qu’il se sent bien là.

Heureusement, elle ne semble pas mal réagir. Bien au contraire. Elle vient se lover, se coller tout contre lui, et il passe ses bras autour d’elle, il l’attire encore un peu plus contre lui, parce qu’il a envie qu’elle reste, qu’il a sans doute un peu besoin de se contact. Il lui plait, et cette fois il la croit sans poser de questions, et ça le fait sourire. Ça le touche. Ça le touche vraiment …

Il vient attraper sa main, il bouge légèrement, la force à se redresser, et à lui faire face. Puis, il vient poser sa main contre son torse, là, sur la gauche, pile sur son cœur. Son cœur qui bat très fort, lui aussi. Si fort qu’il est sûr qu’elle peut le sentir, rien qu’en posant sa main comme ça. « Comme le mien. » Et puis il se penche, et il vient à son tour lui voler un baiser. C’est furtif. Il ne s’attarde pas. C’est juste un baiser qu’il dépose là, sur ses lèvres, sans aller plus loin que ça parce que … quand même, ça va déjà vachement vite entre eux deux, non ?

Il sait même pas pourquoi il fait ça. Il suppose qu’il en avait envie, en fait. Il suppose qu’il a beaucoup apprécier qu’elle l’embrasse, et qu’il avait voulu retrouver ce contact un instant. Ou alors, c’est qu’il veut lui prouver quelque chose, il en sait trop rien. En fait, Miles, il fonctionne au feeling. A l’envie. C’est un électron libre, il aime pas spécialement trop réfléchir avant d’agir parce qu’il se dit que sa raison pourrait le faire passer à côté de trop belles choses … comme Lorelia, peut-être. Parce que soyons honnêtes une seconde, s’il avait pris le temps de la réflexion, il n’aurait pas agi ou à réagit de la même manière avec elle, si ? Mh. C’est trop tard pour y penser. Et puis c’est inutile, surtout. On revient pas en arrière de toutes façons, sinon la vie serait bien trop simple.

Elle dit son prénom. Elle … ? Il n’en saura pas plus puisque son téléphone sonne, et il sursaute alors qu’elle se lève pour aller décrocher. Il écoute d’une oreille distraite. Il ne comprend pas grand-chose, faut dire qu’il a un peu la tête ailleurs, aussi. Quand elle a fini, elle repose les yeux sur lui. Elle doit y aller. Un cours avancé. Elle avait oublié. Elle en retard du coup. Et du coup, il se demande si c’est une manière de le fuir. Et il hésite un instant, parce que vraiment, il a pas envie de jouer au mec collant, c’est ce qu’il fait trop souvent, et ça finit toujours pas saouler les autres. Mais finalement, il se lance quand même. Il se lève. « Bon, et bah on y va alors. Je t’accompagne, d’accord ? » Il lui laisse le temps de récupérer ses affaires, et puis il lui attrape la main pour l’entraîner en dehors de sa chambre qu’il prend soin de refermer derrière lui.

Bon, il ne s’attendait pas à devoir faire aussi vite, clairement. La minute d’avant, ils avaient tout le temps devant eux, et voilà que subitement elle était en retard. Franchement, il ne sait pas quoi penser. Il ne sait pas s’il est déçu, ou un peu soulagé à l’idée de prendre l’air parce que wow … c’est fou ce qui se passe avec Lorelia, non ? Ça va vite. Mais est-ce que ça le dérange vraiment ? Disons qu’il en sait rien lui-même.

Quand elle s’éloigne pour récupérer ses affaires, il fait quelques pas, mais il n’entre pas dans son espace privé. Il reste là, appuyé contre le mur, près de la porte. Il peut sentir les odeurs de fleur, celui de son parfum aussi dont il a déjà pu profiter, et comme un crétin, il peut pas s’empêcher de sourire. Bon d’accord, ça devient grave, là. Il finit par soupirer, tout en se redressant un peu, pile au moment où elle revient. Sa main vient s’accrocher à la sienne, et fatalement, leurs doigts s’entremêlent presque automatiquement tandis qu’ils se mettent à courir dans le couloir, et qu’ils quittent finalement la résidence pour prendre la direction du gymnase où ont lieu les cours de danse. Heureusement qu’il est curieux est qu’il sait où il va, plus où moins en fait, parce qu’arrivé au beau milieu du complexe sportif, il s’arrête. « Euh… là par contre, je suis perdu, je vais te suivre, il est par où ton cours ? »