Généralement, à quatre heures du matin, les gens normaux dorment.
Oui. Les gens normaux.
Mais ce soir-là, un client avait payé pour une longue soirée, une nuit ++. Alors, Tiago avait donné son prix, son heure.

4h30.
Il pousse la porte de ton appartement, exténué, avec pour seule envie d’aller prendre une douche. Il abandonne d’un geste las son pactole sur le bureau, se déshabillant au même endroit en laissant au sol son pantalon en cuir et son t-shirt blanc.
Et finalement, il avait rejoint le jet brûlant de la douche.

Vingt minutes.
Il avait fallu vingt minutes avant que la réalité ne se rappelle de nouveau à lui. Avant qu’il ne soit tiré de ses pensées par le vacarme de quelqu’un qui frappait à sa porte. Il se figea, sur le qui-vive. Qui pouvait débarquer chez lui comme ça à cinq heures du matin ?

Il attrapa sa serviette qu’il noua autour de sa taille, sortant de la pièce pour ouvrir la porte. Les gouttes d’eau continuaient de ruisseler le long de sa peau alors qu’il jetait un regard surpris à son visiteur nocturne.

« Kenneth ? Mais qu’est-ce que tu fais là enfin ! Il est 5h du matin, tout va bien ? »

Il se poussa un peu pour le laisser entrer. Les cloisons du Chat Noir n’étaient pas les plus épaisses et il ne voulait pas qu’on puisse lui reprocher d’avoir été trop bruyant.

Il observe le jeune homme qui vient d’entrer dans sa piaule, il l’écoute un instant et fronce les sourcils. Il sent qu’il veut lui faire comprendre quelque chose mais, à cet instant, Tiago est plus intéressé par attrapé de quoi s’habiller. Il le laisse parler, s’épandre, et retourne rapidement dans la salle de bain pour mettre quelque chose sur le dos. Il enfile un pantalon en toile d’intérieur et un t-shirt avant de revenir, une serviette autour du cou pour s’essuyer les cheveux.

Il observa Kenneth et se passa une main dans les cheveux.

« Je comprends pas de quoi tu parles, Kenneth. Je fais pas semblant… Tu as bu ? »

C’est faux, et il le sait, Tiago.
Il le sait mieux que personne, mais ce masque est tellement devenu une seconde nature qu’il ne peut comprendre comment quelqu’un pourrait se rendre compte des efforts qu’il fait chaque jour pour garder la face. Et au fond, ça lui ferait presque peur.

« Tu as besoin de quelque chose ? Un verre d’eau ? Je dois avoir un truc à grignoter… »

Il avait abandonné l’idée de dormir quelques heures avant les cours. Et même si les paroles de Kenneth faisaient échos en lui, il refusait de lui donner raison aussi vite, de ne pas se battre un peu pour garder la face. Et puis, qui avait dit qu’il était heureux ?