le blouson tacheté léopard lui tombait sur les épaules qui se dénudes sans un frison par le temps frais. elle a le sang chaud. bouillant. elle marche un pied devant l'autre. en équilibre. le rebord du trottoir est un fil suspendu à plusieurs mètres du sol. cinq centimètres en fait, dix maximum. hana est une funambule qui à une haleine discutable. un mélange sucré et acre. ses lèvres corail ont le goût de l'alcool. elle a le rire facile.

elle tend les bras dans le vide. son manteau lui tombe au milieu du dos. elle offre à la naissance de la lune des épaules claires. marquées uniquement par les brettelles fines de sa robe nuisette noire. on dirait qu'elle vient d'ailleurs. c'est peut-être le cas. elle est amusée. sur plusieurs dizaines de mètres elle avance ainsi. parfois s'arrête. perd l'équilibre. parfois elle lève un pied. fait une pirouette. les longs poils de la fausse fourrure lui chatouille les cuisses à demi-nues. elle marche dans la ville nocturne. les vitres des restaurants sont noirs de monde. les bars ont une odeur d'alcool de riz et d'houblon. hana marche. sans savoir où elle va.

elle s'arrête devant des néons. il y a le titre d'un film. des affiches également. beaucoup de choix. un quart de tour. elle marche sur le trottoir. sans tomber dans le vide. s'avance jusqu'au guichet, elle a un beau sourire sur ses lèvres colorées. sa voix est du sucre roux qui se transforme en caramel lorsqu'elle use de palabre.

tu me conseil quel film ?

noël... hum.
ses lèvres se transforme en pétales de fleurs. elle fait la moue. les couleurs de noël.
j'aime le rouge et le vert. mais pas associé ensemble.

le comble pour des couleurs complémentaires. rouge passion. vert jalousie. hana s'amuse. se balance sur ses pieds. une fois elle est grande. une fois petite. fancy.

pop. elle claquait le chewing-gum qui se trouvait dans sa bouche. la bulle explose et ses lèvres corail sont couverte d'une fine membrane sucrée. avec une langue experte, elle récupère la matière et mâche. elle rumine. pensée et pâte à mâcher. le titre du film ne lui dis rien, plus rien ne lui rappelle quelque chose. l'instant présent est plus intéressant. mais l'horreur. oui. l'horreur. ça lui donne envie. différente envie. des envies que chérie lui procure. elle penche la tête sur le côté. on dirait un chiot. un chiot qui rumine et qui sent l'alcool. une drôle de chose.

quel genre d'horreur ?
celui qui vous met mal à l'aise. celui qui fait appel aux peurs primaires. celui qui vous demande d'être deux. celui est sanglant. celui qui est risible. celui qui ment. quel genre de film d'horreur ?

elle s'arrête une seconde. un sourire pop sur ses lèvres comme une bulle qui explose. une idée vient de pop ses idées embrumer.
je pourrais regarder le film de noël et me railler de leurs niaiseries. bonne ou mauvaise idée ?
peut-être lancer des pop-corn sur les couples qui semblent s'être perdu pendant la projection. ou rire grassement et faire des commentaires bateaux sur les scènes censés être pleine d'émotion.

mais j'aime les films d'horreur. dur comme choix...
plaisir ou amusement ?

surprenant.
dérangeant.
on pourrait utiliser ses termes pour tout et pour rien. un plat que l'on n'aime pas ou un baiser auquel on ne s'y attendait pas. des mots qu'elle pourrait utiliser sur son rencard qu'elle a laisser en plan. le cul sur sa chaise. il était trop moi. trop nous. pas assez libre. pas assez outsider.

tu me laisses sur ma faim.
pop. une petite bulle rose. elle s'approche du guichet.
t'en a pensé quoi toi ?

qu'on ne lui dise pas qu'il n'a jamais vu. il doit être le genre de gars qui regarde les films depuis la salle de projection. tout comme les mecs qui bossent dans un cinéma. c'est ce qu'elle pense. en tout cas, hana le ferait. profitant du noir battu par la lumière ténue qui s'active et offre une histoire. elle ramènerait des gens avec elle, jouerait à refaire les dialogues, une nouvelle histoire. de la comédie tragique. de la tragédie comique.

il y a un rire. puis deux. elle le rejoins. l'idée est... saugrenue. elle s'accoude sur le rebord qui a vu de nombreux porte-feuilles poser là. à la recherche de billets. le coude se repose dessus, son poing lui sert d'oreiller. elle dévisage le guichetier.

si j'avais une cheminée, je l'allumerais le vingt-quatre au soir.

après tout, noël n'est-il pas la fête de ce gros monsieur en rouge et blanc. n'est-il pas celui qui passe par la cheminer pour offrir des cadeaux. elle n'aime pas noël. non. ce n'est pas de l'amour. c'est de l'indifférence totale. un jour comme un autre.

mais j'ai pas de cheminée.

empêcher de dormir, hein ?
une lueur brille dans ces yeux. la commissure de ses lèvres se relèvent en un coin.
au pire si je sursaute, je n'aurai qu'à me blottir dans les bras de mon voisin.

elle s'amuse des sous-entendus. lance un regard qui en dit long sur ses pensées, qui sont risible et ridicule. un long moment, elle garde le silence, observe le guichetier. sa posture, ses gestes, son allure, son âme. elle n'observe pas. elle dévisage.

t'es pas mal tu sais. s'il faut être une froussarde pour avoir une chance d'être prise dans tes bras. ça peut s'arranger.

un long moment de silence s'installe. où elle tente de garder son sérieux. sans piper mot elle disparaît du champ de vision. s'écroule à terre. on entend un rire. hana est à terre accroupi, ses mains toujours posé sur le comptoir. suspendu dans le vide. la funambule a chuté par sa bêtise. il n'y a pas d'explication ou de raison à son geste. c'est juste comme ça.

j'ai pas envie de dormir.
murmure.

la pulpe de ses lèvres s'étire, se plisse, marque des ridules dans son maquillage corail. elle lève les yeux. vers le ciel. en chemin, depuis les enfers, elle y rencontre son visage. une question qui trouve une réponse une réponse. instantanément. dans son cœur. une lueur brille dans ses yeux.

un seul ?
elle fait la moue. s'amuse.
soit pas radin, on a la nuit devant nous.
on a la vie. on a plusieurs vies.

hana se redresse sur ses jambes. un bond de lapin. elle revient à sa hauteur. le manteau tombe à mi bras. elle n'a pas froid. elle a chaud. elle veut brûler le voile de la nuit, briller avec le soleil. encore et toujours. inlassablement. jusqu'à ce que la terre s'arrête de tourner. errer dans l'univers sans but. insatiable. répondant à ses envies.

cinq minutes. pas plus.
elle n'aime pas le temps. elle n'aime pas la ponctualité. elle n'aime pas se retrouver avec une laisse. quoique... ça dépend.

sans un mot de plus elle se retourne. ses pieds se croisent, ils piétinent le bitume. ils ont envie d'user les semelles de ses chaussures. elle disparaît dans la rue. dansante. elle a envie d'entendre ce bruit assommant de la ville la nuit. de sentir son cœur pulser dans ses tempes. téléphone en main elle s'amuse. danse, prend des vidéos, des photos. elle en envoie des étranges et dérangeantes. à la terre entière. à des privés. il y a parfois des angles qui révèle beaucoup. d'autre banale avec une légende épicée.

cinq minutes ont passés, elle est allongé sur un banc. les jambes contorsionnés, les yeux révulsés. elle observe le monde à l'envers. son téléphone pulse un rap salace.