quatre portes, un labyrinthe et deux escaliers. plus la pluie aussi soudaine qu'inattendue ((pas si inattendue que ça, t'avais pris ton parapluie)). tu vois une cinquième porte se dessiner au bout du couloir, ce qui t'extirpe un long et bruyant soupir. ça ne va jamais finir ?!

c'était pourtant un chemin si facile. la bibliothèque, c'est le bâtiment voisin de ta résidence, ça n'aurait pris que quelques minutes... et pourtant. c'était peut-être pas la meilleure idée d'emmener ton pc avec toi, « au cas où » t'aurais eu envie de travailler directement à la bibliothèque. c'était peut-être pas non plus très brillant d'aller fouiner dans les livres qui n'avaient nul rapport avec ton devoir, ce qui fais que tu as beaucoup plus de livres à porter que prévu.  mais voilà.

d'une main, ton parapluie. des deux bras, une pile de livres ((et tout le monde sait que les livres d'arts sont presqu'aussi volumineux qu'un dictionnaire)). à ton épaule, le sac à bandoulière portant ton pc. tu avais pris une grande inspiration avant de sortir sous la pluie battante, gonflée à bloc.
le courage a été de courte durée.
la bretelle de ton sac a choisi ce parfait moment pour rendre l'âme. tu es restée interdite pendant de longues secondes, les yeux ronds à fixer ton sac contenant ton pc par terre sous la pluie, t'as eu un cri de panique intérieur. récupérer le sac et trouver un moyen de le mettre sous ton bras a été tout un exercice d'agilité, et ce n'était que le début.

pour t'éviter la pluie, tu as décidé d'accéder à la résidence en passant par le cinéma, et traverser tout le bâtiment... tu t'y es carrément perdue. et chaque porte est un défi en soi ! et tu n'as carrément croisé personne en chemin, comment est-ce possible ? ((sûrement parce qu'il est presque 21h et que les gens sont tous retournés chez eux, j'dis ça j'dis rien)) mais te voilà dans le pavillon des communications, devant une énième porte, complètement paumée et les bras en compote avec toute cette charge dans les bras.

au secours ?

t'es carrément au bout de ta vie, tu commences presque à envisager de cacher une partie de tes choses dans un coin et faire plusieurs voyages, mais... impossible. laisser ton pc ? hors de question, tous ces travaux rédigés au coût de nuits blanches et d'activités loupées parce que t'étais à la dernière minute - non merci ! et les livres de la bibliothèque ? bon, les chances de trouver un voleur de livres d'art dans cette bâtisse vide sont minimes, mais... le risque n'en vaut pas vraiment le coût. ces bouquins doivent valoir une fortune T_T

Hey, bonsoir. Je peux t'aider ?

dieu.existe.vraiment. alors que tu commençais ta démarche de tourner la poignée avec ton coude, une bonne âme arrive à ta rescousse, t'en pleurerais presque de joie. tes pieds pivotent pour lui faire face, un sourire heureux mêlé au désespoir sur le visage.

oh oui s'il-vous-plaît, ce serait vraiment, vraiment, vraiment très apprécié.

tant pis pour l’orgueil, il reviendra un autre jour. tu t'agenouilles par terre et laisse lentement glisser le sac contenant ton pc de sous ton bras, libérant du même coup la sensation de crampe que tu avais à force de tout retenir.

en fait je veux me rendre à la résidence le galet blanc... mais j'ai un peu de mal avec tout ça dans les bras... mon sac a lâché, il pleut des cordes... soupir. si... si tu as le temps, tu peux me suivre jusque là-bas, avec mon sac ?

t'allais quand même pas lui demander de traîner les « briques » que t'avais dans les bras, mais juste avoir des portes ouvertes ça ferait ton grand bonheur.

ton désespoir était tel que tu n'as même pas compris que c'était une question formelle, et non une proposition. c'est tout toi ça, baby. mais comme elle a accepté de t'aider... well !

merci merci, c'est trop gentil ! moi c'est baby

tu te remets sur tes pieds alors qu'elle prend ton sac. tu n'es même pas inquiète à l'idée de laisser ton pc entre les mains d'une inconnue, l'idée qu'elle puisse le voler ou l'échapper ne te traverse même pas l'esprit.

je vais te laisser prendre les devants et te suivre, je connais pas ce pavillon et je me suis déjà perdue une fois, tout à l'heure...

tu laisses échapper un rire clair. autant tu avais envie de pleurer il y a quelques minutes, ton moral a remonté en flèche et déjà tu es prête à en rire. les deux bras enroulés autour de ta pile de livre, tu la suis à son rythme et tu ne peux t'empêcher de regarder sa jolie chevelure.

j'adore tes cheveux ! la couleur est superbe, ça te va vraiment bien. tu regardes ton reflet en passant devant la vitre d'un local de classe, parfois ça te donne une sensation étrange, comme si tu ne te reconnaissais pas. tu rejettes ta queue de cheval vers l'arrière. les miens y a des jours où j'me demande pourquoi ils sont comme ça... comme si je n'étais pas sûre de les aimer, et en même temps j'ai pas envie de changer... je sais, je suis compliquée ! tu glousses.

tu n'es pas trop certaine si elle est vraiment sincère dans on compliment, ou c'est juste un retour de politesse, mais dans tous les cas ça te fais quand même plaisir. c'est vrai que ça se démarque, et tu aimes bien avoir l'attention, du coup... se fondre dans la masse, c'est peut-être pas vraiment ce que tu veux. non, non, c'est juste une impression bizarre, ça va te passer.

hm, mais n'empêche, ça fais partie de ce que nous sommes. et nous sommes fabuleuses !

à moitié sérieuse, à moitié à la blague. tu exagères un peu baby, mais en mettre trop c'est mieux que pas assez.

au fait, t'es la seule personne que j'ai croisée en chemin. qu'est-ce que tu fais ici si tard ? pas que je m'en plaigne, hein !

tu ne peux t'empêcher de glousser à sa réponse, le visage rayonnant. qu'on y croit ou non, les compliments font toujours plaisir ! à condition d'être bien intentionnés. à écouter son manque de conviction, ce n'est probablement pas dans les habitudes d'elsie de tenir ce genre de discours par rapport à elle-même. mais au moins, elle a ri !

je compatis pour ton ordinateur ! je serais totalement désespérée sans le mien, tous mes travaux sont dessus, sans compter tous mes sites en favoris et Nflix pour m'occuper quand je ne dors pas...j'aurais toujours mon téléphone en attendant, mais c'pas pareil ! bref ! j'espère que tu es plus intelligente que moi et que tu avais prévu un back-up ! inspire, tu avais dit tout ça d'un seul souffle et comme tu es plutôt bavarde, l'air commençait à manquer. tu es en journalisme, un truc du genre ? j'dis ça à cause du pavillon...

tes yeux se baissent vers la pile de bouquins que tu as dans les bras.

en fait oui je reviens de la bibliothèque, elle ferme à...21 heures, je crois ? en y réfléchissant, un doute s'installe. tu n'as jamais vérifié les heures d'ouvertures et de fermeture de la bibliothèque, ça tu en es certaine, et aucune indication sur la porte selon ton souvenir. il t'es pourtant déjà arrivé d'y aller plutôt tardivement, et jamais tu n'as été éjectée pour cause de fermeture. je n'en sais rien pour être honnête... mais j'y suis pas entrée par infraction, hein ! il y avait un commis ! tu restes néanmoins perplexe pendant quelques secondes, avant d'hausser les épaules.

tu dévisages elsie, et tu ne peux t'empêcher de pouffer de rire. ce n'est pas pour se moquer d'elle loin de là, mais sa réponse pleine de fierté t'as sous le coup semblé un peu comique.

j'vois que tu sais ce que tu fais, dit donc. mais tant mieux parce que ça aurait pu être catastrophique n'empêche...

l'informatique, hein ? ça semblait plutôt logique après  l'information qu'elle venait de donner sur toutes ses copies de sauvegarde.

je vois ! j'avoue que j'aurais pas nécessairement pensé, t'as pas le classique look de geek... mais bon l'habit de fais pas le moine ! petit rire gêné désolée j'dis pas mal de conneries... n'empêche que tu pourrais bien paraître à la télé !

tu te stoppes un instant à regarder les alentours, tu ne te repères toujours pas vraiment.

hmm... bah en fait on ne dois plus être très loin! désolée je traîne un peu de la patte peut-être, je marche lentement que je discute. en fait dès qu'on va arriver dans la résidence on devrait tomber près des ascenseurs, rendu là si tu veux je reprendrai mon sac, je ne t'imposerai pas de m'accompagner jusqu'à ma chambre... j'imagine que tu étais sur le point de repartir chez toi ?