T'es rentré ce soir. Ça fait un petit moment que tu n'es pas venu passer la nuit au chat noir. Aujourd'hui, pas de longue nuit à la belle étoile tout collé à tes frères et sœurs lions. Non. Ce soir, tu n'as plus que la fine chaleur de tes draps, et pour seule compagnie les gazouillements des chambres voisines. Mais tu ne reviens pas les mains vides. Ça avait été la fête au zoo. Une collègue proche avait fait ses adieux à l’équipe des animaliers. La retraite. Alors il y a eu des pleures, des rires mais aussi de la nourriture. Des tonnes de nourriture. Le dirlo à clairement craqué en vous pensant capable d'avaler une ration faites de pizzas et de petits gâteaux de la taille d'un éléphant ! Alors vue que t'es un type bien et surtout que t'es souvent le dernier à partir du taff, on t'as filé les restes. Quelque morceaux de pizza, pas mal de pizza enfaîte, mais surtout des petits gâteaux... et... t'es pas très sucre. Pour ne pas dire du tout. Tu t'es pas vu refusé, c'était si gentil de te les donner. « T'es étudiant non ? Prend les restes, te gênes pas, on va devoir les jeter sinon... ça serait du gâchis. » Du putain de gâchis oué. Alors t'es rentré chez toi avec des boites remplies de bouffe. T'as fais comme t'as put pour les ramener et tu te retrouves un peu comme un con avec tout ça...

Alors tu sors de ta chambre, lunette sur le bout du nez, referme avec le pied la porte et viens toquer à l'une des chambres avec de la lumière dessous. Là, c'est celle d'Omori. Tu le connais pas très bien, mais tu connais au moins son nom.

Hey. Omori. Psst. J'ai de la bouffe en trop, tu en veux  ?

No fake. Oh et puis tu parles pas trop fort... t'as pas envie de créer une émeute à ton étage...

 Tu patientes. Pas de réponse. Pas tout de suite en tout cas. Tu ne connais pas très bien Omori, pour ne pas dire pas du tout. Tu l'as déjà croisé au chat noir, quelque fois, peut-être même à la fac, par les fenêtres dans les couloirs alors que tu garais ta moto sous l'abri, sous le pré-haut. C'est qu'Omori n'est pas très bavard, pas très présent. Il passe, repasse, sans qu'on ne le voie vraiment, sans qu'on ne l'entende. Tu te rappelles l'avoir croisé aux douches de la résidence, et encore... Même pas sûr que c'était lui...

Tu restes devant la porte, puis tu sursautes quand Omori t'adresse la parole. L'angle mort, un peu en contrebas, sur ta gauche, tes lunettes ne te l'ont pas fait remarquer... Tu rigoles, un peu gêné d'avoir tressailli.

Hey.. ! J'ai de la nourriture en rab'. Ça te tente ? J'ai de la pizza et des pâtisseries.

Puis des gloussements, des rires et des bruits de pas résonnent dans les escaliers... Tu regarde par dessus l'épaule du jeune homme et crois reconnaitre ta voisine de chambre, une vraie accro au sucre... si Omori ne prend pas vite une décision, il peut dire au revoir à sa part.

 Pour être le bordel, c'le bordel. Mais qui es tu pour juger ? On ne peut pas dire que ta chambre soit un modèle de rangement avec tous ces trucs et choses mâchouillés qui traînent à droite et à gauche, ces piles de bouquins sur les félins et surtout ton ordi un peu enseveli sous des dossiers en veux-tu en voilà. Alors non, tu n'es pas particulièrement surpris et t'esquives au mieux tout ce qui peut traînasser devant la porte.

T’inquiète, j'ai vu pire. Ma chambre par exemple...

Tu tousses, légèrement et enclenches avec de la curiosité pure et dure.

Quelque chose à rendre dans la semaine ?

Ton menton bouge de lui-même, pointant vers ce qui te semble être la poterie. T'y connais rien en poterie mais c'est plutôt bien partie non? Non ...? Hm. Puis finalement, sentant tes lunettes glisser sur le  bout du nez, tu cherches à poser tes cartons quelque part mais n'ose pas vraiment. Sur le lit peut-être ? T'hésite, un court instant, et t'y installes, déposant la nourriture sur le côté. Tu remontes tes lunettes et invites Omori à te rejoindre pour manger un morceau en tapotant le matelas.

Il est tard, fais une pause va, ça ne peut pas te faire de mal. *taptap*

 Un buste. C'est... vrai que. hm. Voilà. Tu ne sais pas trop quoi dire, mise à part un hochement de tête polie. Cependant tu ne peux pas tout à fait détacher ton regard de la dite poterie. Comme si genre, y'avait encore un truc à faire avec voyez ? Bon, finalement il décide de faire sa pause et de venir te rejoindre. Tu lui proposes de la pizza, des petits gâteaux. Y'a vraiment pas mal de choix quand t'y pense.

Une de mes collègues est partie à la retraite, on a fait une petite soirée entre nous au zoo. Il y avait des restes alors... on me les a refilé haha. Mais t’inquiète hin. C'est clean. Franchement n'hésite pas, prend ce que tu veux. En pizza il y a, genre, quatre fromages, pepperoni, et un reste de chèvre miel. C'est un peu froid cela dit... Mais on peut toujours réchauffer si tu veux.

Tu poses les cartons sur le lit et te redresses, pour lui laisser un peu de place. T'inspire, profondément, fixant toujours ce supposé buste... Tu t'en approches, curieux mais ne fais que toucher avec les yeux.

Ça te dit on le fini cette nuit ? Ton buste ? T'es sérieux. Tsais pas trop pourquoi, mais tu trouverais ça presque dommage de ne pas donner à cette sculpture une nouvelle chance. Je peux servir de modèle. Peut-être. Plus tu réfléchis, plus tu te dis que c'est la pire des idées... haha.

Roh t'abuse.  Que tu lui lances, là debout, à l'autre bout de la chambre. J'ai vu des croquis se balader, tu te débrouilles franchement !

 Puis tu redonnes toute ton attention à la sculpture. T'y connais rien. T'as jamais touché à ce genre de truc, même en étant petit et honnêtement ça t'as jamais vraiment attiré. Mais t'es curieux, alors forcément, avoir l’occasion de tester, ça te botte bien. Tu reviens vite fais près du lit, où tu t'y réinstalles, pas comme un bourrin pour épargner la nourriture, mais avec la douceur d'une plume. Après quoi, tu viens saisir l'épaule d'Omori en une accolade amicale.

Je compte sur toi pour ce petit atelier poterie, senpai !

Et voilà que tu lui offres l'un de tes plus grands sourire.

Pose toi là, qu'il te dit. hm. T'as déjà mangé, plus qu'assez honnêtement. Il faut dire que ta dernière bouchée avait été presque difficile... Alors tu lances juste un regard las aux boîtes de pizza, à celles des viennoiseries pour finalement observer Omori bosser sur son devoir. Il n'a pas l'air emballé... Peut-être n'es-tu simplement pas un bon modèle. Une chose est sûre, le jeune homme est du genre à abandonner très facilement. Dès lors que tu le vois soupirer, tu te redresses pour le rejoindre.

On a qu'à faire ça a deux !

Tu mets les mains directement sur ... le.... truc ?

Eh.. je dois faire quoi ensuite...?

Tu te croques la lèvre inférieure, tout sourire, retenant un rire contre tes dents, un peu embêté enfaite...hehe.

Il en sait pas plus que toi eh. Tu ris. Forcement, c'est quand même assez cocasse comme situation. Mais tu as toujours envie de l'aider. De créer un truc, tous les deux. Évidemment, ça risque d'être grave moche, mais c'est toujours mieux que de ne rien rendre non . Avouez, c'est l'intention qui compte, et surtout, un peu de volonté. Donc oué, tu peux pas promettre à Omori une sculpture à la Rodin, mais tu peux au moins garantir une sacrée barre de rire pour au moins avoir essayé.

Ok. On va faire un truc... ! j'essaye de bidouiller un machin, et tu devines ok ?

T'as quel âge putain, 10 ans . Vue comment t'es trop concentré ça se pourrait, mais tu penses que c'est un reste de la fête de tout à l'heure et peut-être de quelques verres présents pour le pot de départ. Alors que tu commences à modeler ce que tu peux pour faire l'animal que tu connais le plus mieux au monde (c 1 lion), tu redresses tes yeux cernés de tes lunettes sur Omori.

Interdiction de se moquer.

c lyon

 Tu verrais ta gueule Lyon, c'est limite si tu tires pas la langue pour être sûr d'être super bien concentrer sur ce que tu fais. Tu donnes tout. Toute ton imagination, tout ton skill tout pété de poterie niveau école maternelle. Tu es même sacrement surpris qu'Omori trouve ce que tu étais entrain de faire. Tu souris. Un large sourire jusqu'aux oreilles.

C'est ça ! Un...

Tu regardes ta « création »... Ça ressemble... pas, trop. Enfin, rien de ce que tu avais en tête. Mais c'est déjà ça. Tu crois... Honnêtement plus tu le regardes plus tu as honte... Tu rougis. Très fort. Mon dieu qu'est que c'est que cette chose.

Il est … parfaitement horrible...

Main devant ta bouche, cachant une de tes grimaces d'embarras, tu te retournes délicatement vers Omori. Il sourit. Il se moque. Alors tu rigoles aussi. C'est... relaxant, cette atmosphère. Tu y penses rarement mais tu devrais rendre visite à Omori plus souvent.


Allez à toi. Fais moi rêver !