Le matin, elle aime se balader dans la résidence, discutant avec quiconque croise son chemin.

Aujourd'hui, le lieu qu'elle cible : la salle de sport. Elle adore regarder les sportifs crouler sous le poids des altères ou s'essouffler sur les tapis de course tandis qu'elle leurs parle avec passion, non-stop, jusqu'à ce qu'on la vire, car, il faut se l'avouer, son flot de paroles fatiguerait n'importe qui. Parfois, il lui arrive même de faire des pronostics elle-même pour savoir combien de temps les gens vont tenir face à son bavardage incessant. C'est ce qu'elle a fait aujourd'hui, et les sportifs ont tenu exactement 38 minutes et 13 secondes. Un score pitoyable. Elle n'a pas été si chiante que ça quand même.

Désormais, la voilà qui arpente les couloirs à la recherche de ce qu'elle pourrait bien faire, et soudain, l'illumination. Elle regarde l'heure à son poignet, il est encore tôt. Elle s'excite toute seule, ça veut dire que le jardinier de la résidence est peut-être encore là à s'occuper des fleurs ! Elle l'aime bien, il est d'une gentillesse. Et puis, pour l'instant, c'est le seul avec qui elle peut avoir des conversations intéressantes et passionnées à propos de fleurs. Elle se précipite dehors pour le chercher, traversant l'allée principale.

Après quelques minutes de recherches, il n'est pas là. Déception. Elle se dirige vers un banc et s'y affale, soupirant profondément. C'est dommage.

Pendant cinq bonnes minutes elle regarde le ciel. Et là, elle remarque une présence à ses côtés. Elle sursaute. Il est là depuis le début ? Elle ne l'a pas remarqué, peut-être que le fait de ne pas avoir pu parler à son jardinier lui a ôté toutes facultés lui permettant de faire attention à ce qui l'entoure ?

Elle observe la personne du coin de l'oeil. Un jeune homme un peu... étrange... et puis qu'est-ce qu'il tient là ? Tiens ? Attendez... ne serait-ce pas...

- Un cactus !

Sans réfléchir, elle a crié ça à haute voix.

- Oh j'adore les cactus !




@Adriel Apphia

Elle se rapproche tout en posant sur le jeune homme un regard pétillant, accentuant l'expression de gaieté affichée sur son visage qui s'est immédiatement illuminé à la vue du cactus. "Mignon" dit-il ? Oui, c'est ça !

- On est d'accord !  Les cactus c'est tellement adorable !

"Mignon", "adorable", on a l'impression qu'elle parle de petits animaux de compagnie, et pourtant non, elle parle bien de plantes ; de cactus qui plus est. Cela serait à peine exagéré de dire que Gari porte dans son coeur tout ce qui touchait de près ou de loin à la flore, et les cactus ne font pas exception à la règle. A dire vrai, dans son classement personnel, le cactus, même si n'étant pas une fleur, se place en très bonne position. Si pour beaucoup il ne s'agit que d'une plante dont il faut se méfier en raison de ses épines qui, même si ridiculement petites, vous donnent la douleur de mille hommes, pour Gari, c'est bien plus que ça. Une plante aux allures parfois menaçantes pouvant laisser, quelque fois, des fleurs apparaître entre ses épines ; si ça ce n'est pas beau, mignon et adorable, alors qu'est-ce qu'il le serait ?

Elle s'approche, encore un peu. Elle n'a aucune gêne à pénétrer l'espace personnel d'une personne qu'elle vient de rencontrer ; en fait, elle n'y pense même pas, tant son cerveau est concentré sur le cactus, elle l'observe quelques instants, là, dans son petit pot qui est tenu si précieusement par sa récente rencontre. Elle est ravie de voir qu'apparemment il s'occupe bien de son cactus, il a l'air d'y faire très attention, et il lui tarde d'engager la conversation avec quelqu'un qui sait s'occuper un tant soit peu d'une plante.

Mais là ou bon nombre aurait d'abord posé la question de pourquoi il se balade avec un pot contenant un cactus aux alentours de la résidence, Gari, elle, fait dans l'originalité en s'intéressant plus, pour l'instant, à la vie du cactus que celle de son humain.

- Tu lui as donné un nom ? Moi j'aime donner des noms aux plantes, à mes fleurs. Je trouve ça plus sympathique non ?

Re-sourire.

Quelques fois, elle leur faisait même la discussion quand personne n'étaient prêt à l'écouter parler des heures durant d'un sujet qu'elle-seule connaissait sur le bout des doigts et aimait de tout son coeur. La question, maintenant, est de savoir si le jeune homme au cactus, lui, survivrait à la quantité de paroles astronomiques qu'elle déblatère au cours d'une conversation.

- Oh en fait, moi c'est Gari !

Elle tend sa main. Elle n'a donné que son prénom. Autant commencer doucement et ne pas le noyer immédiatement sous l'option "jardinerie" que possède Gari quand elle parle.


@Adriel Apphia