Qu’est-ce que c’était que cette journée, encore, bon sang ? Alors. Non. Elle n’avait pas mal commencé. Non. En fait … c’était même le contraire ? Depuis quand les journées commençaient bien pour toi ? Sans éclats de voix. Sans cris, même. Sans coquilles. La cerise sur le gâteau, c’était le type ce matin, très tôt qui t’avais offert deux cafés au lieu d’un seul et te balançant un truc comme quoi t’étais là tu sais plus trop combientième cliente et que c’était juste cadeau ? Et toi qui n’avait même pas réagit, bon sang. Tu t’étais contentée de hocher la tête, comme une idiote, encore hyper mal réveillée, les yeux encore carrément dans le flou, t’étais juste repartie de là avec tes deux gobelets chauds, et t’avais rejoint le pavillon shs pour suivre ton premier cours de la journée. Pour couronner tout ça, tu étais en avance. L’endroit était encore vide. Totalement vide. Du coup, t’étais juste installée, bien confortablement, t’avais sortie un bouquin, et t’avais fichu tes deux cafés, sans même prendre le temps ou la peine d’en avaler une seule gorgée, posés là, sous ton nez. T’aimais bien l’odeur du café, surtout le matin. Tu trouvais ça tellement agréable. C’était d’ailleurs pour l’odeur que tu prenais un café à chaque début de journée, pas vraiment pour le goût … juste pour la bonne odeur un peu acide, amère.

Au bout de quelques minutes … toujours seule, tu soupires lourdement. Pas un chat. Pourquoi tu t’étais levée si tôt, Amy, sérieusement ? Tant pis. De toute façon, tu n’avais plus spécialement le temps de faire quoi que ce soit, maintenant. Du coup, tu prends juste un peu tes aises, sur ta chaise. Tu t’étales un peu, tu penches la tête en arrière, et tu fiches ton bouquin juste au-dessus de ton visage. Les postures bizarres et toi. Grande histoire d’amour.

Tu es absorbée par ta lecture. Passionnée. Gros cliché à toi seule, l’étudiante en criminologie qui ne prends plaisir qu’à lire des romans policiers bien complexes, ou des trucs super psychologiques, voir glauques. Tu t’en fiches, toi, t’es la filière parfaite. La mort, les meurtres, les cadavres, ce ne sont pas des choses qui sont capables de t’effrayer, bien au contraire. Ça éveille tes sens, et ça titille joyeusement ta curiosité. Une curiosité qui chez toi est très ciblée. Tu ne raffoles pas des potins, tu ne veux rien savoir de la vie des autres … en revanche, celle des morts t’intéresse tout particulièrement, d’où ta présence ici.

C’est un bruit, à l’extérieur de l’amphi, qui te fais te redresser. T’as eu le temps de lire un chapitre et demi, avant d’être coupée dans ta concentration, mais pour le coup tu t’en fiches un peu. C’est pas un passage passionnant, c’est même plutôt calme, alors bon. C’est pas vraiment un drame. Tu reposes le livre devant toi, au moment où quelqu’un entre. Tes vertèbres craquent légèrement, et tu restes particulièrement silencieuse. C’est lui qui finit par te remarquer. C’est le prof. Tu sais, Amy, ton prof, justement. Le prof de criminologie, celui qui visiblement fait ses cours à la carte un peu façon touriste en vacances. Plus souvent absent que présent. Mais qui es-tu pour juger ? Aujourd’hui, il a l’air d’être là, en tout cas. Quoi que … Il récupère juste ses affaires, on dirait. « Bonjour. » Neutre à souhait. C’est le café gratuit, ça a contrebalancé, du coup, t’es pas d’humeur à t’exciter pour un rien pour le moment, quand bien même t’as l’impression que t’aurais pu dormir encore quelques heures, du coup. Devait y a voir que toi, pour avoir espoir d’assister à un de ses cours … l’heure approchait, et il n’y avait toujours personne.

Tu soupires légèrement, avant de faire basculer ton livre, dans ton sac grand ouvert. Ton regard se pose alors sur les deux cafés. Ils fument encore, tous les deux. « Vous avez l’air pressé … » Mais tu vas quand même tenter, hein ? Ouais. « Vous voulez un café ? J’en ai un en trop. Cadeau de la maison…c’est ce qu’elle a dit, la serveuse. » Ou le serveur. T’avais déjà oublié.

Appâté par ce café que tu lui offres, le voilà qui approche, finalement. Tu l’aurais presque imaginé en train de fuir, pour éviter d’avoir à fournir une quelconque explication que de toute façon, tu n’aurais même pas demandé. Pourtant, non. Le voilà devant toi, en train de se saisir d’un des gobelets cartonnés rempli de liquide sombre. Un merci, auquel tu ne réponds que par un signe de tête distrait, tout en attrapant ton café à toi, du coup. Par habitude, tu souffles légèrement à l’intérieur, tout en observant du coin de l’œil le professeur. Il n’a pas vraiment l’allure d’un prof, d’ailleurs. M’enfin, toi et les clichés. « Vous imaginez bien. » Pourquoi serais-tu ici, si ce n’était pas pour le cours prévu dans cet amphi, ce matin, aussi tôt alors ? Le truc, c’est que ouais, y’avait vraiment personne. Plus un bruit, depuis qu’il est entré, pas un élève. Tu es seule. A tel point que si lui n’était pas là, tu aurais sans doute commencé à te poser des questions, tu aurais sans doute aussi revérifié tes horaires, pour voir si c’était pas toi l’idiote qui s’était emmêler les pinceaux dans son emploi du temps pourtant si simple, à la base.

Tu prends le temps de boire une gorgée de café, t’enfonçant un peu plus dans ton siège. « J’imagine que vous ne comptez pas faire cours. » Oh, toi tu t’en fiches. Tu es sérieuse, dans tes études, généralement, et c’est vrai que tu as plutôt hâte de te plonger réellement dans les cours de criminologie. Le truc, c’est que t’es pas de celle qui ont pour habitude de juger les autres. Il faisait bien ce qu’il voulait. Et puis de toutes façons, tu étais toujours debout relativement tôt le matin, alors pour toi, ça changeait vraiment pas grand-chose. « Tant pis, ce sera pour la prochaine fois. » Peut-être. Peut-être pas. Et tu te remets à siroter ton café, tranquillement. Calmement.

Tu ne te presses même pas. Ce cours, c’est ton cours principal, alors bien évidemment, quand il apparait dans ton emploi du temps, c’est pour au moins deux bonnes heures. Du coup, tu restes posée, tranquillement, ton café encore à moitié plein entre les doigts. Tu n’es si saoulée, ni agacée. Contrairement à bien d’autre, c’est rare le matin. Pas de hurlements avant le café, enfin normalement. C’est que la caféine à des effets terribles sur ton organisme. Un bon quart d’heure après une tasse de ce liquide, généralement, tu es encore pire qu’en forme. En super forme ! Bien pour ça que tu te limites à un seul, normalement. Ça ferait de toi une vraie pile électrique. Non. Mieux. Une bombe à retardement carrément.

Une gorgée, encore, et tu reposes le café devant toi. Un peu comme si tu étais tranquillement assise dans un coin de la cafétéria, quoi. Le bruit en moins. L’agitation en moins, aussi. Ce qui n’est pas pour te déplaire, bien au contraire. Tes yeux font le tour de l’amphi. Rien d’intéressant, juste que tu essaies de ne pas laisser ton regard fixé sur ton professeur. C’est une sale manie que tu as là, tu sais que ça peut ne pas plaire à tout le monde, être observé. Surtout que ton regard était généralement plutôt insistant, vu que tu tentais toujours deviner tout un tas de truc, rien qu’en observant l’attitude des autres. Tu trouvais ça aussi intéressant que marrant. Cela dit. Bien vite, ton regard revient vers lui. Pile au moment où il te propose de te filer son numéro. Est-ce que c’était une manie chez les gens d’ici ? Après le psy, ton prof. Evidemment, tu n’y voyais aucun inconvénient, bien au contraire. Et tandis qu’il te précise ses raisons, tu te penches en avant, pour attraper ton téléphone. Tu crée un nouveau contact, sans nom pour le moment, tu décideras plus tard, et tu viens lui tendre l’appareil, pour qu’il puisse y entrer son numéro. « Ce sera toujours mieux qu’un bout de papier volant … je les perds tout le temps. » Tiens, voilà qu’un sourire pointe le bout de son nez. Tu baisses les yeux, tu te mets à fixer le gobelet de café. « Vous en faites pas … Je vous aurais jamais demandé de cours particuliers c’est… C’est le genre de truc qui me met mal à l’aise. » Tu préférais assister à un cours, dans ton coin, au moins, tu savais que tu n’étais pas au centre de l’attention. « Mais merci pour ça, c’est gentil. » Gentil ouais … et apprécié. Grandement.

Il te prend finalement ton téléphone, quelques secondes, à peine, le temps d’y entrer le numéro, avant de te le rendre. Tu observes un instant les chiffres, avant de poser ton doigt à l’emplacement du nom du contact, sur l’écran tactile. Tu ne sais même pas quoi inscrire là. « Prof » te parais un peu … nul. C’était quoi son nom, déjà ? Il était écrit, sur un papier, que tu avais eu au début de l’année. Sur ton emploi du temps, aussi. Mais t’avais rien de tout ça ici, et quand bien même, tu n’avais aucune envie de fouiller dans ton sac pour ça. « Lurantis … » Et ça te reviens, finalement. D’un coup, comme ça. C’est tellement soudain que tu le dis à haute voix, sans t’en rendre compte. Merde. Tu relèves soudainement les yeux, te contentant d’écrire « prof » finalement, dans ton téléphone, avant de le lancer dans ton sac, avec ton livre. « C’était … pour le nom. Dans le téléphone. C’est bien ça, votre nom, non ? » Oublier le nom de son professeur. Sérieux, Amy. Quoi que. Non. Tu ne l’avais pas vraiment oublié … tu venais de t’en rappeler. Ça comptait pas comme un oubli. Bref. « J’ai pas la mémoire la mémoire des noms. » Les visages, oui. Les événements, aussi. Tes cours, normalement, aussi. Mais alors les noms, c’était une catastrophe.

Tu finis ton café, d’une traite. « Oh, de rien. A votre service. » T’avais jamais été radine, après tout. Et puis, t’aurais pas bu les deux, sous peine de passer une journée atroce. Alors franchement, c’était pas grand-chose. « Moi le café ça m’excite un peu trop … fin ça me rend nerveuse. Je deviens invivable si j’en bois trop alors bon. » Tu hausses les épaules, avant de te mettre à jouer avec le gobelet vide qui sens encore très fort le café. Voilà, voilà. Passionnant n’est-ce pas ? Hm. « Oh, merci … » Même si en vrai, t’étais pas trop venue pour ça, mais bon, pourquoi pas ? « A propos, vous auriez des bouquins à me conseiller ? J’arrive au terme de ma longue liste de truc à lire. Enfin … si vous avez le temps. Et l’envie aussi. » Et de nouveau, tu détournes les yeux. Bah alors Amy, c’était quoi le soucis, avec les figures d’autorité masculines, en ce moment ?

C’était venu comme ça. L’idée des bouquins, en même temps que l’envie de faire un peu la conversation. Il était prof, après tout, des références, il devait en avoir une bonne centaine à te fournir, dans son domaine d’enseignement. D’ailleurs, il semble réfléchir, un instant … et puis finalement, non. Rien. Rien qui lui vienne directement à l’esprit, pour le moment. Il allait te les envoyer par SMS, à un moment. Il en avait le temps. Et il en avait l’envie. Alors, encore une fois, tu souris. Bon, t’as peut-être l’air un peu idiote, là. Du coup, tu baisses rapidement les yeux, et rapidement, d’un geste, tu viens reprendre ton téléphone, dans ton sac, le serrant entre tes doigts. « Pas de soucis. Merci. » C’est gentil, oui. T’avais pas déjà dit ça ? Si. Bon. Quand tu relèves les yeux, il te sourit. Tu ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs mais … il a un joli sourire. Et tu es sans doute un peu trop prise par ton espèce de contemplation, parce que, tu ne vois même pas cette main qui se lève, pour venir tout doucement tapoter ta tête. Ça dure à peine quelques toutes petites secondes, avant qu’il ne recule d’un geste très vif, pour finalement s’excuser, l’air très gêné, comme si son geste avait été non contrôlé, non réfléchi. Et toi … bah toi, tu restes plantée. Immobile. Tu entrouvres simplement la bouche, sous l’effet de la surprise, avant de finalement rougir légèrement. Normalement, c’est vrai, t’aimais pas qu’on se permette de te toucher. Ça avait le don de te rendre dingue mais là, bon sang, tu agis comme une de ces pimbêches dans les mangas, tes joues deviennent roses, et tu n’es plus capable sur l’instant d’aligner deux mots. Alors, là, c’était vraiment ridicule, Amy. « Non c’est --… » Alors. Non. S’il te plait, Amy. On reprend contenance. Un peu de fierté, enfin. Ceci, est un professeur. Genre. Autorité. Monsieur qui enseigne. Compris ? Bien. « C’est rien ! Je … ne vous excusez pas. C’est pas la peine. » Tu lui souris, tu te veux rassurante, un peu. Ça va. C’est rien. Juste une petite tape toute mignonne sur la tête, pas de quoi en faire un fromage.

De nouveau, tu baisses les yeux. Tu fixes ton téléphone, avant d’en allumer l’écran. Tu ouvres les messages, et puis tu viens chercher le contact nouvellement crée. « prof » Tu le sélectionnes, et puis, tu envoies un sms. Un simple « ;) » avant de reposer l’appareil sur tes cuisses. « C’est pour le numéro … je vous avez pas donner le mien alors comme ça, bah c’est fait. Vous l’avez. Vous voyez, pour les livres, quoi. »

Tu regrettes un peu ton choix de smiley, l’espace d’un instant. Après tout, c’est ton prof, pas un de tes potes. Et pourtant, il ne dit rien, pas un mot. Au contraire, il sourit. Alors tu souris aussi, tout en l’observant avant de baisser les yeux, à nouveau, peut-être un peu légèrement gênée. Tu le connais pas encore, mais là, comme ça, tu serais bien tentée de dire que tu l’aimes bien ce prof. T’en sais rien, t’es pas du genre à te faire un avis au premier regard – ou si, mais généralement, c’est négatif alors bon – mais là, tu le sens bien, c’est tout. Bon feeling, comme dirait l’autre.

Tu t’étires légèrement, laissant échapper un léger soupire tandis que face à toi l’homme balance plutôt habilement ton gobelet en carton dans une poubelle, un peu plus loin. Tu te penches légèrement en avant, pour constater qu’il avait mis dans le mille et lorsque tu reposes ton regard bleuté sur lui, il a l’air si fier que tu ne peux retenir un rire léger. « Bien visé ! » Ouep. C’est qu’il était plutôt adroit. Il avait l’œil quoi. Toi t’étais totalement incapable de faire ça, même à trente centimètres, tu ratais systématiquement ta corbeille, dans ta chambre.

Bon. Du coup. Génial. Pas de cours. Tu avais des heures à tuer et … et est-ce qu’il venait vraiment te proposer de faire un tour ? Genre. Réellement ? Tu le fixes, un court instant. Un peu interdite. Carrément surprise par la question. Tu ne faisais rien après, normal, t’avais prévu d’être en cours à la base. Du coup, un sourire, taquin cette fois vient s’installer sur tes lèvres tandis que tu récupères ton sac, au sol, pour le remettre en place sur ton épaule. « Et bien figurez-vous que j’étais censée avoir cours ... » Tu jettes un œil sur ton téléphone pour regarder l’heure exacte. « Depuis cinq minutes déjà. » Et puis tu relèves les yeux, toujours ce même sourire dessiner sur le visage. « Mais visiblement, mon professeur n’a pas spécialement l’air décidé alors … j’ai bien envie d’aller faire un tour. » Ce n’est pas comme si de toutes façons, tu avais prévu de rester là, assise, à ne rien faire. Du coup, tu te lèves, tu ramasses ton gobelet, passant devant ton prof pour aller déposer toi-même le contenant dans la poubelle. Et puis, tu te tournes de nouveau vers lui. « Qui sait ? Je pourrais peut-être même vous offrir un deuxième café. » … Ouais toi par contre, tu te contenterais sans doute d’un thé glacé, au cas ou.

T’abuses un peu, non ? Accepter de sortir et de prendre l’air un instant, c’était une chose. Proposer de lui offrir un autre café, sous-entendu d’aller boire quelque chose quelque part avec ton professeur … c’était autre chose. Mais tu t’en foutais, hein Amy ? Ouais, forcément. C’est pas tous les jours que t’as réellement envie de faire ça avec quelqu’un. T’as déjà été invitée, hein. T’as toujours refusé. Jamais des gens assez intéressants à ton goût … faut dire que t’es difficile. Les gens de ton âge ? T’as toujours l’impression que c’est juste des gros débiles. Bref. Tu hausses les épaules. Tu proposes, c’est tout. Il a bien le droit de refuser, de te dire qu’il en veut pas de ton café … mais non. Il l’accepte, et il l’accepte à la condition d’avoir le droit de t’offrir un truc à son tour. Pourquoi pas, après tout, hein ? C’était ok de ton côté. « Un thé glacé alors. Au citron. » Tu lui offres un nouveau sourire tandis qu’il récupère tes affaires. Il fourre ton livre dans ton sac, ramasse ce dernier avant de prendre ses affaires à lui et de venir vers toi. Une main dans ton dos, délicatement, il t’incite à sortir de là, visiblement pas décidé à te rendre ton sac, mais plutôt à le porter lui-même. Beaucoup trop mignon …

Peu habituée à ce genre d’attentions, tu ne peux t’empêcher de fixer ton sac tandis que tu t’engages à sa suite dans le couloir du pavillon. C’est pas que t’as peur de quelque chose, non. T’as même plutôt confiance, bizarrement. Plus que t’as peu de gêner. D’abuser. « Oh vraiment ? C’est pourtant dans mes habitudes … » T’avais presque marmonné. Mais c’étai vrai quoi. Hum. Tu hausses les épaules, jouant avec tes manches, tirant légèrement dessus pour les ramener sur tes mains un maximum. « C’est peut-être juste que je vous aime bien. » Ah. Ouais. Carrément. Bon. Oui. D’accord. « Fin’ vous êtes sympas pour un prof quoi. C’est ce que je veux dire. » Tu baisses légèrement les yeux, fixant bien droit devant toi, vers la porte de sortie. Puis finalement, après un instant de silence, tu te racles un peu la gorge. « Vous voulez qu’on aille … quelque part en particulier ? » Tu parlais trop, beaucoup trop. Mon dieu, t’étais en train de te saouler toute seule. « Oh et … je voudrais pas vous gêner avec mon sac vous savez c’est … » Bon ok. Ferme la Amy. Juste. Stop.

Le temps de longer le couloir … et t’es toujours tout aussi mal à l’aise, en un sens. Et pourtant, c’est toi qui as accepté de, comment il a dit déjà ça déjà ? D’aller faire un tour. Ouais. C’est ça. C’est toi qui as accepté d’aller faire un tour. Bon. Ce n’est pas tellement ça le problème. Au fond, sa compagnie est plutôt agréable. Beaucoup même. Non, le truc c’est que t’es juste pas habituée à ce qui s’appelle dans le jargon de la ga-lan-te-rie. Il te porte ton sac, quoi. Et même quand tu fais remarquer que bon, il est pas obligé de faire ça, après tout c’est tes affaires, et bah non. Il insiste. Mieux, il semble essayer de te prouver que t’as clairement pas le choix, qu’il porte, et puis c’est tout, et au final, étant donné que ton sac se retrouve en hauteur, totalement hors de portée, tu finis par abandonner bien vite.

Il te guide vers un distributeur de boissons … en fait, tu ne regardes même pas à l’intérieur. Tu te servais de ces machins-là, dès que t’y mettais une pièce elle finissait toujours avalée et t’avais jamais rien en retour, alors bon. T’avais totalement arrêté de tenter. Tu as tout juste le temps de le voir appuyer sur un bouton, et puis, il te fait t’éloigner un peu, prétextant un … un tour de magie ? Et là. Là, un bruit énorme résonne dans le couloir, te faisant sursauter, puis te retourner à la vitesse de la lumière, une main sur ta poitrine, l’autre sur ta bouche. Ok. Qu’est-ce qui venait de se passer, là ? Tu poses un regard légèrement paniqué sur ton professeur qui lui, a un grand sourire accroché au visage, et une bouteille dans les mains. Une bouteille de thé glacé au citron. Tu plisses légèrement les yeux, en attrapant la bouteille, avant de revenir en arrière, vers la machine pour y jeter un œil … et constater que tout un côté du distributeur est littéralement plié. Ok. Il venait de le défoncer. Tu sers la bouteille entre tes doigts … avant de sourire légèrement. Clairement la machine ? C’était bien fait pour sa pomme. Pour toutes les fois où ses cousines t’avaient piqué du fric, ça s’appelait la justice, et pis c’est tout. Cependant … « Wouah … vous faites quoi comme sport ? » Tu viens passer tes doigts sur la taule froissée de la machine, avant de revenir vers l’homme. C’était pas une petite bosse là. Toi, déjà, si t’avais cogné, tu l’aurais même pas fait bouger d’un poil. Là c’était … plié. « Je veux dire … vous avez vachement de force. » Et finalement, tu hausses les épaules. Tu ouvres ta bouteille fraîche pour en boire une gorgée, avant de te tendre la main, pour remettre correctement sur son épaule la lanière de ton propre sac qui avait légèrement glisser. « Ou bien c’est le café qui vous fait cet effet ? » Tu penches légèrement la tête sur le côté, pour l’observer un instant, là plantée, juste devant lui. « Vous allez faire sa fête à une deuxième machine si je vous l’offre ce deuxième café ? » Et voilà que tu te remets à taquiner … un sourire amusé aux lèvres …

Pas de sport … ok, d’accord. Tu supposais que certaines étaient juste très gâtées par dame nature, du coup. Parce que pour réussir à faire autant de dégâts, c’est qu’il y avait quand même un minimum de potentiel, non ? Enfin. Bref. C’pas tellement le plus important en vérité. D’ailleurs, il vient d’éclater de rire une nouvelle fois. Au moins tu le fais rire, c’est un bon point, non ? Bon point pour quoi, on ne sait pas, mais bon point quand même, sans doute. Il repose les yeux sur la machine défoncée … lâche une remarque que tu comprends à peine ? C’est qui cette Lacerta, en plus ? Bah, peu importe. Quelqu’un de l’administration peut-être, d’après ce qu’il venait de dire. De toutes façons, il ne te laisse pas réellement le temps de poser la moindre question, hein. Non. Parce qu’il vient prendre ta main, dans la sienne, et voilà qu’il t’entraîne à l’extérieur. D’accord, Amy. Te voilà dehors, main dans la main … avec ton prof. Super. Et voilà qu’il repose les yeux sur toi … et que ça remarque te fais rougir, et te crisper à la fois, si bien qu’en plus du reste, tu viens mêler tes doigts aux siens, pour les serrer légèrement. Est-ce que tu dois répondre à ça ? Non parce que, vraiment, là, tu ne sais pas quoi dire. Quand bien même le ton est bien loin d’être sérieux … « Oh bah euh … j’en demanderais pas tant, promis. » Et tu reprends un peu de contenance. Tu souris. Tu l’écoutes, avant de te mettre à rire. Oui, tu sais rire. Étonnant, hein ? « J’en sais quelque chose, ça m’arrive tout le temps. » L’histoire de ta vie. La dernière fois, c’était pour un sachet de biscuits qui en plus coûtait un bras. Tout ce que tu avais trouver à faire, c’était de hurler sur cette connasse de machine pendant au moins une heure. Et devinez quoi ? Bah rien. Elle t’avais pas rendu ton fric, et elle t’avais encore donner tes biscuits. « Du coup la prochaine fois … bah je la défonce. » Mouais. Mouais … mouais … « Oui enfin, j’essaie. » Tu donnes une espèce de coup de poing dans le vide, avec ta bouteille dans la main, tout en marchant. Avant de grimacer. Une grimace bizarrement mignonne sur ta bouille, mais … bon. T’as vraiment des petits poings de fillette hein, Amy. « Dommage, j’aime bien frapper sur des trucs normalement. » Et puis, tu te tournes vers ton prof, et tu viens balancer un coup de poings dans son épaule … un truc atrocement léger, si bien que tu te demandes même s’il a senti un truc.

Bref, t’as une force de puce. Qui s’en fou ? Hm.
T’as juste à peine effleuré son épaule, quoi. Tu sais pas trop pourquoi, d’ailleurs. Pour appuyer tes dires, sans doute. Enfin. Bref. T’es encore en train de sourire. Décidément, t’arrêtes pas aujourd’hui ? C’est ton prof qui fait ça ? Gn. Peut-être bien. « J’y penserais ! J’ai votre numéro en plus, j’enverrais un SOS sans faute ! » Bon. Tu le feras sans doute pas, en vérité. Parce que tu fais la maligne, là, mais revenir vers les gens après une rencontre, c’était toujours super compliqué pour toi. Tu te demandais toujours si t’allais pas déranger, un truc du genre quoi. Peu importe qu’on t’ais dis de le faire, tu te posais toujours trop de questions. Et voilà qu’il recommence avec sa main. Ses doigts passent dans tes cheveux et il vient tapoter ton crâne, tout doucement. C’est la seconde fois, mais cette fois, il ne recule pas comme il l’avait fait plus tôt. Au contraire. Ça va mieux, on dirait. Il est moins gêné … geste sans doute plus contrôlé, pour le coup. Et toi, évidemment, tu le laisses faire. Sans un mot.

« Je sais pas si y’en a un autre dans le coin … » Vu à quel point tu les ignorais ces machines, tu ne savais pas s’il y en avait plus d’une dans ce bâtiment. Du coup, tu hausses les épaules. « On peut sortir oui … ça me ferait du bien de prendre l’air. » Ouais, carrément, surtout que t’avais un peu l’air de débloquer depuis tout à l’heure, sérieux. C’était quoi cette attitude ? Tu relèves les yeux vers ton prof. Et de nouveau, tu penches la tête. C’est une manie ça, quand tu observes, quand tu analyses, quand tu contemples … aussi. Il est beau, hein ? Ouais. Bon. Ok. Heureusement que tu ne faisais que le penser, dis donc. Par contre, il a subitement perdu son sourire. Alors tu fais une moue légèrement boudeuse, et tu lèves ta main, et ton doigt vient délicatement se poser sur ses lèvres, que tu effleures du bout de ton index. « Vous êtes vraiment plus beau avec un sourire … on vous l’a jamais dit ? »

Si tu sais ce que tu fais ? Non. Genre. Vraiment pas. Absolument pas. C’est venu tout seul, presque naturellement, en fait. Il avait pratiquement fait que sourire, depuis que tu l’avais rencontré – y’avait genre moins d’une heure, ok … - du coup … bah t’avais juste envie qu’il continue. Tu l’aimais bien, son sourire. Ses yeux aussi. Encore plus quand il souriait d’ailleurs, tiens. Tu devenais complètement dingue… parfait. Mais t’avais même pas envie de te reprendre. Tu l’aurais fait, s’il t’avait totalement repoussée, et remise à ta place. Mais là, c’était pas le cas. Pas du tout, même. En fait, c’est même carrément le contraire, puisqu’il vient embrasser le bout de ton index, celui que tu venais toi-même de placer sur ses lèvres. Et évidemment, tu rougis, mais cette fois, tu ne détournes pas le regard. Tu souris même, te sentent légèrement défaillir lorsqu’il passe sa langue sur ses lèvres … Bien. Il était encore pire que beau, en fait. Clairement.

Et voilà qu’il te retourne tes paroles. Et que ça te touche … vraiment. Tu aimes son sourire ? Très bien. Il te promet de sourire. Et pas seulement de sourire comme ça, non. De sourire rien que pour toi … Tellement adorable. Il aura réussi à te faire fondre sans que tu ne comprennes réellement ce qui t’arrive. Alors tu baisses légèrement les yeux, avant de relever finalement la tête, et de te hisser sur la pointe des pieds, t’appuyant contre lui à l’aide de tes mains, tu approches tes lèvres au plus près de son oreille. « Marché conclus. » Et puis, tu reposes tes pieds à plat sur le sol … sans réellement prendre la peine de reculer plus que ça.

Et si quelqu’un passe, sérieux ? Non mais. T’y as pensé à ça ? Non, évidemment, hein. Ou alors tu t’en fou royalement, même si tu devrais pas. T’es tellement proche de lui là. Les mains toujours posées contre son torse, l’une tenant encore ta foutue bouteille, tandis que son bras à lui vient t’entourer. T’es comme prisonnière. Mais ce serait vraiment une prison que si tu n’avais pas envie d’être là … ce qui clairement n’était pas le cas.

Tu te contentes de hocher la tête, lorsqu’il évoque l’idée d’un coin tranquille. Et tu te laisses entraîner, encore, jusqu’à l’extérieur cette fois. Juste derrière ta résidence, dans un endroit que tu ne connaissais même pas, malgré le fait que tu vivais là. Ta fenêtre donnait sur l’avant du bâtiment de toutes façons. Il faisait plutôt beau, l’été était sur sa fin, oui, mais les températures étaient toujours agréables. Ni froides. Ni chaudes. C’était juste parfait. Tu jettes un œil, sur le haut du bâtiment, avant de finalement reposer les yeux sur ton prof. Il s’assoit sur l’herbe bien verte, et tu en fais de même tendis qu’il vient t’attirer tout contre lui. Tu laisses échapper un soupire d’aise. Au fond, t’es dingue, hein. Non parce que … tu le connais pas. Le truc, c’est que tu te sens juste tellement attirée. C’est comme un aimant. Un aimant contre lequel tu viens appuyer légèrement ta tête, en fixant droit devant toi. « Finalement … c’est bien de pas avoir fait cours. » Tu ris. Légèrement. Avant de relever légèrement la tête pour l’observer du coin de l’œil. T’avais pas tout perdu, quoi. T’avais bien fait de te lever tôt. Au moins, tu l’avais pour toi toute seule.